vendredi 21 janvier 2022

Zemmour au fil des jours - 21 janvier 2022

21/01/2022

Cédric Herrou, l'homme qui sauvait des migrants - enfin, il n'allait pas, façon Rambo, les arracher aux griffes des Talibans ou les délivrer à la sueur de ses pectoraux des geôles d'Assad, mais se contentait plus modestement de les faire venir d'Italie après les avoir cachés dans une camionnette - était de ceux qui ce matin manifestaient bruyamment contre la venue de Zemmour à Menton. Les mots d'ordre, "Stop Hate", "pars Zemmour, la France c'est l'amour", venaient garnir le triptyque consacré "fasciste, raciste, sexiste". On l'aura compris, ces remparts du vivre-ensemble n'ont pas renouvelé la tradition.

Sur la Côte d'Azur, Zemmour est venu saluer les forces de l'ordre qui veillent aux frontières, et s'engager à expulser pour de bon ceux qui sont censés l'être. Son slogan pourrait être : "Plus de PAF, moins de CAF".

Connaissez-vous IA QOTMII ? Moi non plus. C'est la nouvelle coqueluche des foules zemmouriennes. IA QOTMII, donc, serait un programme super-intelligent pour prévoir des super-choses, par exemple que Zemmour devancerait haut la main en potentiel électoral (bien malin qui sait ce que ça veut dire) tous les autres candidats. Oui, tous, même Macron, l'indéboulonnable (entreprendre.fr).

Zemmour en tête ! Enfin, selon IA QOTMII.
Zemmour en tête ! Enfin, selon IA QOTMII.


On comprend que cette nouvelle fabuleuse soit partagée en masse par des sympathisants de Reconquête, toujours aussi maltraités par nos bons vieux sondages qui persistent à placer leur idole au pied du podium.

Lui n'affiche aucun état d'âme et s'imagine déjà au second tour : "Madame Pécresse, c’est madame 20h02. Le soir du premier tour, à 20h02 elle appellera à voter Macron contre moi."

Madame 20h02
Madame 20h02 (lien)

Ça c'est envoyé ! Sûr que l'IA QOTMII va gonfler encore plus son potentiel électoral.

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jeudi 20 janvier 2022

Zemmour au fil des jours - 20 janvier 2022

 20/01/2022

Deux nouveaux ralliements de poids, dit-on, pour Reconquête, Jérôme Rivière et Damien Rieu. Ces noms ne vous disent pas grand-chose ? Pour être honnête, à moi non plus. Ils proviennent du RN et jouissent apparemment d'une petite notoriété dans ce que Libération, France Info, France Inter, France Culture, France Musique, France 2, France 3, France 4, France 5, M6, Radio Bleu, Arte, RTL, Europe 1, LCI, BFM et Rire et Chansons nomment la "fachosphère".

M. Rieu explique son choix sur Twitter :

“Partant de zéro et en quelques mois seulement, en menant le combat des idées et en dénonçant le Grand Remplacement, la fusée Éric Zemmour a réussi à créer une dynamique inédite dans l’histoire politique. Avec lui, une nouvelle génération s'est engagée, de nombreux talents se sont révélés. Il a déjà obtenu des soutiens de poids et a enfin brisé la digue des Républicains. Il rassemble désormais un mouvement de 80 000 adhérents déterminés qui remplissent toutes les salles et une équipe de campagne extraordinaire, prête ) emmener au pouvoir les idées que j'ai toujours défendues à travers mes différents engagements. Qui l'aurait cru il y a seulement 6 mois ?"

Il y a seulement 6 mois, il est vrai, pas grand monde, si ce n'est personne, et nous étions fort peu alors à pressentir qu'il allait se passer quelque chose, et à prendre la décision de commenter ce quelque chose jour après jour pour garder une trace des événements qui ne soit pas rétrospective, c'est-à-dire établie dans le flou trompeur de souvenirs plus ou moins lointains et corrompus par le temps, mais cueillie sur le fait, au moment même où les événements se produisaient.

La campagne de Zemmour a surpris tout un chacun et ne donne pas de signes d'essoufflement. La seule ombre au tableau, et elle est de taille, est portée par les sondages qui placent régulièrement Reconquête en queue du peloton de droite, ou peu s'en faut. Une distorsion entre le ressenti et le constaté qui sidère les sympathisants du parti, maugréant en termes choisis contre des estimations à la botte des puissants.

Nouveau passage au tribunal pour Zemmour, jugé en appel pour "contestation de crime contre l’humanité", en attendant la comparution, dans une semaine, pour "contrefaçon du droit d'auteur" à la suite de sa vidéo de candidature. L'intéressé dénonce un agenda complice et assure qu'il ne tombera pas dans le piège qui fit chuter Fillon.

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mercredi 19 janvier 2022

Zemmour au fil des jours - 19 janvier 2022

19/01/2022

Marre ! Il parle de Debussy et persiste à nous infliger une bouillie sonore que même Vangelis hésiterait à confier à ses toilettes à la Turque après une overdose de souvlakis. Monsieur vante la culture, la civilisation, l'héritage des anciens, et vlan, il nous balance une purée juste bonne à introduire une quelconque - c'est le cas de le dire - série Z. Je n'imagine pas être le seul à poser ce constat embarrassé, et pourtant vrai, hélas ! hélas ! d'une telle cécité intellectuelle que l'on pardonnerait sans peine à des candidats moins instruits, moins inspirés par notre passé, confits dans l'arrogance dans leur superficialité. Mais Zemmour ! Zemmour ! L'homme de la France, qui se dit si fier de la défense de nos acquis séculaires, la salvation incarnée pour tout ce qui touche aux Commentarii de Bello Gallico et aux très riches heures qui parsèment le chemin parcouru depuis Clovis et tant d'autres, oui, Zemmour, il faut se rendre à l'évidence, ne trouve aucun inconvénient à faire son entrée sur l'équivalent sonore d'une fosse d'aisance.

Zemmour se rendant à Calais (sans doute pas pour écouter le dialogue du vent et de la mer) s'y voit harcelé par une trentaine de manifestants venus signifier, non leur amour de Debussy, mais leur haine pour les discours de haine. CNews a mené l'enquête : un journaliste a vendu la mèche aux opposants, les informant de la sorte sur le programme du candidat. Je vois que Twitter s'agite pour trouver le traitre qui a saboté l'événement.

Zemmour : "Nous parlons le français."
Zemmour : "Nous parlons le français." (lien)

Zemmour aime les formules : "Ce qu'ils appellent « le passé fantasmé », c'est l'Histoire. Ce qu'ils appellent « le repli identitaire », c'est la sécurité des frontières. Ce qu'ils appellent « agiter les peurs », c'est dire la vérité. Nous ne parlons pas la même langue qu'eux. Nous parlons le français."

Et en français, comment nomme-t-on cette chose que vous appelez « musique », monsieur Zemmour ?

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mardi 18 janvier 2022

Zemmour au fil des jours - 18 janvier 2022

18/01/2022

Ce matin sur RMC et BFTMV, Zemmour a justifié ses propos sur les enfants handicapés, en pointant le cynisme du pouvoir en place qui fait le choix délibéré, à l'entendre, de ne pas investir dans les accueils spécialisés. Que ce débat mérite d'être posé est une réalité, je suppose, mais ce à quoi nous assistons s'apparente davantage à une curée qu'à un débat, qui supposerait une attitude civilisée et une trêve dans l'usage des termes outragés.


Le sujet, en réalité, embrasse une autre dimension. Refuser la culture de l'inclusion est une autre façon pour lui de pointer l'essentiel : la prise en considération, avant tout autre impératif, du moindre cas particulier s'accomplit au détriment de la majorité. De là vient ce procès en généralisation, ou en essentialisation, que l'on fait souvent à Zemmour. Non sans fondement, il est vrai, car l'amour du scrupule devrait gouverner tout homme public. Il n'en reste pas moins manifeste que l'obsession de l'égalité est un piège redoutable. Zemmour s'efforce de l'écarter, avec raison, si ce n'est toujours avec style.

Une controverse pouvant en cacher une autre, c'est l'affaire des vacances à Ibiza du ministre de l'Éducation qui fait aujourd'hui les gros titres. Nos indignés professionnels ont changé soudainement de cible. N'ayons crainte, tout ce beau monde reviendra bourdonner autour de Zemmour à la première accalmie.

Hier à Saint-Quentin, le candidat s'est félicité du ralliement de Jean Messiha, ex-RN, qui vient former à côté de Guillaume Peltier, ex-LR, ce socle à une union des droites si convoitée. Zemmour cite Camus (Albert, pas Renaud) et sa lettre à monsieur Germain avant de discourir sur l'école.


Avec quelques jours de retard sur le calendrier annoncé, Yassine Belattar lance sa "force anti Zemmour", intitulée “République tout terrain” (Huffpost). Je n'ai pas trouvé le site qui n'est peut-être pas encore en ligne, et m'en voudrais de le commenter sans savoir, même si je n'ai pas trop d'illusions sur le genre d'arguments que l'honnête homme pourra y glaner pour nourrir sa réflexion.

lundi 17 janvier 2022

Zemmour au fil des jours - 17 janvier 2022

 17/01/2022

Zemmour condamné pour "complicité de provocation à la haine raciale" en raison de propos qu'il a tenus sur les mineurs isolés. Le candidat annonce faire appel et observe : "Ces immigrés ne constituent en aucune manière une ethnie, et encore moins une race."

Nous vivons en direct un "effet de bord", comme disent les informaticiens, dû à la dérive du langage. Quand un mot ne signifie plus ce qu'il est censé signifier, mais embarque avec lui un fardeau de sous-entendus qui le rendent suspect, son usage devient réglementé, au sens propre : susceptible de se voir sanctionné si les non-dits qu'il véhicule comme autant de passagers clandestins finissent par remplacer sa signification originale. Encore une histoire de remplacement, certes.

Pour l'avocat Gilles-William Goldnadel, ce jugement a toutes les chances d'être cassé en appel. Dans l'attente, SOS Racisme, la Ligue des droits de l'homme, la LICRA, la Maison des Potes, une trentaine d'associations en tout (impossible d'en trouver la liste complète, la même information étant reprise de journal en journal avec des phrases similaires ou identiques), une vingtaine de conseils départementaux (même remarque) jubilent. Leur combat est reconnu, avalisé, par la justice de notre pays, tant il est vrai que les discours de haine n'ont pas leur place en France.

"J’espère que cette décision mettra un coup d’arrêt à l’escalade et la banalisation des discours racistes qui n’ont d’autre but que de fracturer la société à des fins électorales", estime Stéphane Troussel, porte-parole d'Anne Hidalgo. Il ravive ensuite une vieille idée : "Un multirécidiviste doit-il pouvoir être candidat à une élection ?"

Zemmour encaisse. "On me fait une querelle sémantique, mais pour les Français qui sont agressés, volés, parfois violés ou tués par ces clandestins qu'on appelle 'mineurs isolés', la sémantique est quelque chose d'assez subalterne."


N'ayant pas écouté le discours du jour à Saint-Quentin, je ne sais pas encore si Zemmour est revenu sur la controverse, qui ne faiblit pas, engendrée par les réactions à ses propos sur les enfants handicapés. 

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dimanche 16 janvier 2022

Zemmour au fil des jours - 16 janvier 2022

 16/01/2022

Le 400e anniversaire de la naissance de Molière n'a pas échappé à Zemmour. Bien sûr, le grand siècle de Louis XIV, ses fastes, Versailles, le rayonnement de la France, le sang versé par d'Artagnan à Maastricht, ville aujourd'hui si emblématique pour nos souverainistes que l'Union européenne insupporte, sont autant de symboles au cœur de la grande légende zemmourienne.

Zemmour commémore Molière
Zemmour commémore Molière (lien)

Je reste un peu déçu, et peiné, qu'il ne soit venu à l'idée de personne de rappeler une scène marquante de La journée de la jupe, le film de Jean-Paul Lilienfeld :

"Quel était le vrai nom de Molière ?" hurle Isabelle Adjani, professeur de français au collège Maxime-Gorki. Elle pointe le canon d'un revolver vers la tempe de l'élève Mouss et compte : "Un."

L'élève Mouss : "Jean-Baptiste Poquelin. C'est bon, lâche-moi, putain !"

L'enseignante : "Tu vois que tu peux apprendre, quand tu veux".

Le film date de 2008 et pose un constat qui anticipe sur bien des points celui de Zemmour. On y trouve un tableau du grand remplacement, ou de ses prémisses, quand personne ne l'appelait encore de la sorte. L'emprise religieuse sur des quartiers entiers, la victimisation, l'effondrement du système scolaire, la complicité de l'Éducation nationale (comment ne pas songer au sort de Samuel Paty ?), l'antisémitisme, la soumission, bien des années avant le roman de Michel Houellebecq, la manipulation de l'histoire, quand une ministre s'emporte : "les femmes se sont battues pendant des siècles pour avoir le droit de porter le pantalon", tous les ingrédients sont là, mis en images et narrés sans complaisance, pour enfanter la société qui est aujourd'hui la nôtre. Les assassins de Charlie Hebdo auraient pu être des élèves du collège de ce film.

La journée de la jupe, affiche du film
La journée de la jupe, affiche du film

Pour notre malheur, rien n'a été entrepris, ou si peu, en regard des efforts à déployer pour éloigner le spectre d'une civilisation qui s'écroule. À la sortie de La journée de la jupe, Arte l'avait diffusé en avant-première. La chose serait aujourd'hui invraisemblable. Que s'est-il passé pour que ceux qui applaudirent ce récit dérangeant et prémonitoire se mettent à traiter de fasciste l'unique candidat qui semble en avoir tiré des leçons ?

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samedi 15 janvier 2022

Zemmour au fil des jours - 15 janvier 2022

 15/01/2022

Sophie Cluzel, Secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargée des Personnes handicapées, se dit "Consternée par la vision misérabiliste et excluante qu'Eric Zemmour porte. Ça commence par les étrangers puis les personnes handicapées, il va aller jusqu'où ? Il pense que tout ce qui est different [sic] doit être exclu. Ce n'est pas la société que l'on porte !"

Le président des députés LR Damien Abad enchérit : "Scandaleux propos d'Eric Zemmour sur la scolarisation des enfants handicapés qu'il veut exclure de l'école en milieu ordinaire. Cette ségrégation à tous les étages est une honte absolue. Oui nous devons avoir l'obsession de l'inclusion. Je demande des excuses publiques".

Fabien Roussel, PCF : "Révulsé par la proposion [sic] de #Zemmour qui veut exclure les enfants en situation de handicap de l'école de la République. Je ne veux pas de cette société d'apartheid... ni de ce projet politique dont on connaît trop bien l’histoire." (lien)

Vision "excluante", propos "scandaleux", ségrégation qu'il faut combattre grâce à notre "obsession de l'inclusion", "apartheid" constitutif d'un "projet politique" que le Parti Communiste "connaît trop bien" (et pour cause !). À la lecture de ces seules réactions, et d'autres qu'il serait fastidieux de reproduire, n'importe qui se convaincrait que Zemmour a lancé une épouvantable campagne pour purger l'éducation nationale de ses élèves handicapés, les soustraire à toute tentative d'instruction en les reléguant dans des camps où ils seraient scrupuleusement tenus à l'écart de leurs camarades valides. D'ailleurs, n'est-ce pas aussi ce sombre projet qu'il médite, en y ajoutant un vol aller simple, à l'encontre des étrangers, ou plus généralement "de tout ce qui est différent", comme le souligne finement Sophie Cluzel ?

À la source de cet n-ième coup de sang, une déclaration de Zemmour qui "pense qu’il faut effectivement des établissements spécialisés, sauf pour les gens légèrement handicapés évidemment. Pour le reste, oui, je pense que l’obsession de l’inclusion est une mauvaise manière faite aux autres enfants et à ces enfants-là, qui sont, les pauvres, complètement dépassés par les autres enfants. Donc je pense qu’il faut des enseignants spécialisés qui s’en occupent." (vidéo ici)

Chacun se fera son idée sur le sens de cette réflexion et le rapport avec les réactions que l'on a lues plus haut, et sur l'usage de mots tels qu'apartheid, ségrégation, etc. Zemmour, lui, s'est défendu de telles pensées funestes dans plusieurs messages pour publier finalement une vidéo de circonstance :

Éric Zemmour : Mon message aux parents d'enfants handicapés (www.youtube.com/watch?v=FJvupCJrcQ0)

"Tyrannie de la normalité", "obsession égalitariste", le candidat trouve ici matière à justifier ses propos tout en dénonçant les travers de ses adversaires. Je me garderai bien de trancher dans mon ignorance de ce sujet, tout en notant que cette polémique n'aurait sans doute pas pris une telle ampleur, ni suscité des réactions si outrancières, si la déclaration initiale n'était pas sortie de la bouche de Zemmour.

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vendredi 14 janvier 2022

Zemmour au fil des jours - 14 janvier 2022

 14/01/2022

Ils se disent Républicains, se sont comptés pour découvrir qu'ils sont mille quatre cent dix-sept, pas un de moins, tous déterminés à voler au secours de Reconquête. Une opération de pure esbroufe ? Possible. Le journal l'Opinion où parait cette tribune de précessistes consternés précise en bas de page : "Les signataires n’ont pas souhaité rendre publique la liste entière qu’ils ont cependant transmise à l’Opinion." Prudence élémentaire ou manœuvre de bas étage ?

L'offensive se déploie aussi avec le site "Droite pour la France" (www.droitepourlafrance.fr). Mille quatre cents sympathisants ? Fi donc ! Nous avons ici affaire à un "collectif de 10 000 Républicains" qui adjure les électeurs de droite d'abandonner LR pour mieux embrasser la cause zemmourienne. Il n'est pas sûr que ce mouvement opportun soit effectivement fort de dix mille âmes, quand on lit que le nombre de visiteurs en ligne dépasse à peine ce total. Qu'importe, l'opération est limpide, Zemmour et les siens cherchent à accréditer l'idée que le vote Pécresse n'a aucun sens pour qui se place à droite, et qu'un mouvement de fond, "surgi de la France, dans ses profondeurs", comme aurait dit le Général, ne pourra que légitimer le seul gaulliste certifié.

Le front numérique, on s'en souvient, embrasse d'autres dimensions. Certains se demandent ce que deviennent les promesses de 2021 au sujet des applications Zemmour, des jeux vidéo Zemmour, etc. Je n'en sais rien, mais trouve cependant ceci :

Trailer - Le Z - Jeu parodique sur la campagne de Zemmour - Feat Jupiter

C'est amusant, il faut le dire, et bon enfant. Un mini-Z se balade dans les rues de Paris en balançant des drapeaux français à gauche et à droite, convertissant à sa cause un nombre croissant de citoyens. Aura-t-il le dessus sur le super-vilain doté de super-pouvoirs ?

Visiblement le jeu complet est disponible, son lien est sur la page YouTube (ici : www.youtube.com/watch?v=tXNiTlOoJeg). Je n'ai pas cliqué, laissant ce soin à plus aventurier que moi. Manquerait plus que je récupère des virus BenVoyons sur mon PC.

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jeudi 13 janvier 2022

Zemmour au fil des jours - 13 janvier 2022

 13/01/2022

Zemmour invité d'une longue émission, hier soir sur BFM, et d'un programme plus court ce matin sur France Télévisions. On cherche dans Google ce que la presse a retenu de tout cela : il ressort que l'information capitale est l'officialisation de la relation du candidat avec sa collaboratrice.

La Une de Google sur Zemmour à 11h30
La Une de Google sur Zemmour à 11h30

La foire à l'oiseau bleu s'en donne à cœur joie. Quoi ! lit-on sur Twitter. Le prétendu défenseur des valeurs ! Toujours marié et cultivant au mépris de tout principe une liaison extra-conjugale ! Et puis, vous avez vu l'âge de la collaboratrice ? Ah, qu'il est beau, le Zorro des traditions !

À la source de cette envolée de cancans, la phrase prononcée hier en réponse à un journaliste au sujet de Sarah Knafo : "C’est ma collaboratrice, et c’est ma compagne. Il n'y aurait pas eu de campagne sans Sarah Knafo." Le candidat coupa court à toute digression supplémentaire sur le sujet, alléguant son droit à mener sa vie privée selon ses désirs.

Pour revenir aux sujets politiques, notons que Marine Le Pen considère que Zemmour sert "de marchepied pour permettre à Valérie Pécresse d'être au second tour", alors que pour Zemmour Marine Le Pen est "un petit peu notre Arlette Laguiller de la droite nationale". Les deux positions sont claires : le RN considère que le vote Reconquête se fera au détriment du sien et ouvrira un boulevard à LR. Pour Zemmour, Marine Le Pen ne pourra jamais être élue, étant incapable de réunir les suffrages des électeurs de la droite traditionnelle. Les deux discours s'entendent, même si le deuxième présente une meilleure vraisemblance pour tous ceux qui se souviennent du précédent débat de l'entre-deux tours qui tourna au cauchemar pour le "camp national".

BFM enregistre ici un record d'audience, ce qui n'est pas pour surprendre. Le petit père n'a rien perdu de son charme, ni le refrain de son éclat. On ne sait pas encore si l'apparition de ce matin vole sur de mêmes cimes. Quand on lui demande comment il va réformer le pays, Zemmour répond : "Je ne souhaite pas réformer le pays. Je veux le sauver. Je veux le sauver parce que je pense qu'il est en danger de mort et qu'il est menacé de grand remplacement".

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mercredi 12 janvier 2022

Zemmour au fil des jours - 12 janvier 2022

 12/01/2022

On trouve, du côté de Zemmour, une qualité qui fait défaut à la plupart des autres candidats, indépendamment de ce que l'on pense de l'homme : une assurance affirmée, une authenticité dans l'expression des convictions, bref, pour rependre une formule galvaudée, une sincère "force tranquille", un esprit de conquête puisant son autorité dans l'ordre logique des choses. Peut-être est-ce une façade, car ses nombreux détracteurs déversent sans trêve les petites notes affolantes sur la catastrophe à venir, qui conjecturent un Zemmour préférant renoncer à la présidentielle faute d'avoir pu réunir sous sa houlette les deux étendards de la droite, et désireux plutôt d'imposer sa présence à l'Assemblée ; ou alors, ils parlent d'un parti mort-né, voué à s'effondrer sous le poids des dettes contractées pour financer le pharaonique meeting de Villepinte, et mené du reste, ceci expliquant cela, par des freluquets écervelés ; ou encore d'un très prochain coup cinglant, faisant éclater une bombe sur sa vie privée, que le candidat ne pourra pas davantage esquiver que Fillon en 2017.

Dans cette attente, on peine à percevoir une semblable détermination auprès des autres candidats. L'image d'Hidalgo et de Pécresse "sonne faux", empruntée, ambiguë ; Le Pen, égale à elle-même et dépourvue de ce souffle si capital pour nourrir la foi, ne semble pas devoir faire beaucoup mieux qu'il y a cinq ans. Les autres prétendants n'ont pas encore atteint une notoriété suffisante pour donner au citoyen ordinaire l'occasion de se forger une opinion. Yannick Jadot reste dans l'ombre de Sandrine Rousseau que, pour son malheur, on distingue à peine de son alter-ego parodique sur Twitter, Sardine Ruisseau. Si toutefois Mélenchon sort du lot, c'est surtout Macron, malgré ses déclamations sinusoïdales, sur la forme comme sur le fond, qui résiste à toutes les bourrasques, avec des postures aux antipodes de celles de Zemmour. Ce n'est pas le moindre paradoxe de la campagne en cours.

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mardi 11 janvier 2022

Zemmour au fil des jours - 11 janvier 2022

 11/01/2022

La blouse ou l'uniforme ? Qu'importe, Zemmour prône le retour de l'habit unique pour les écoliers. Évidemment, ce retour à des principes surannés fait ricaner dans le fond de la classe. L'idée va au-delà de la question vestimentaire. Reconquête veut faire de l'école un sanctuaire dédié à la culture, ou lui redonner ce rôle. On a beau ne pas succomber aux enchantements d'un passé couleur sépia, force est de reconnaitre que l'école d'aujourd'hui est un tel foutoir qu'on ne voit guère comment ça pourrait être pire. Je ne sais pas si l'uniforme, ou la blouse, sont des solutions, mais si l'idée de Zemmour enclenche un début de réflexion, je ne saurai le regretter.

Le premier ministre a réuni ce matin les candidats à l'élection présidentielle pour parler des conditions de la compagne en ces temps de COVID et de sa légion de variants. Zemmour, si l'on en croit le compte rendu qu'il publia ensuite sur sa chaîne, se fit l'ardent défenseur des meetings, si "constitutifs de notre démocratie".


Ensuite, les conditions du vote. Zemmour s'oppose par avance à l'obligation, pour les électeurs, de présenter un passe sanitaire. Là, je pensais qu'il allait enchaîner avec le refus du vote par correspondance, cette hantise importée sous nos latitudes par les trumpistes, persuadés que le procédé, si facile à dévoyer, permit au falot Biden de battre à la déloyale leur champion. Mais non, je suis allé plus vite que la musique, Zemmour se contentant de récuser tout passe, sanitaire ou vaccinal, pour les votants comme pour les assesseurs.

Jean Castex aurait "pris acte" et il ne lui manque plus, selon le candidat, que de rendre publique cette position, afin de l'officialiser auprès de tout un chacun. Tout cela paraît bien anodin et il est étrange que Zemmour ait cru bon de faire une telle communication. Cette ambiguïté s'évapore si l'on conjecture que le chef de Reconquête met ici des munitions de côté en prévision d'un coup bas.

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lundi 10 janvier 2022

Zemmour au fil des jours - 10 janvier 2022

 10/01/2022

Nul n'attendait de voir Zemmour, pour ses vœux à la presse, adopter un profil bas et tenter de mettre les journalistes dans sa poche. Eh bien, personne n'aura été déçu.


"Dans un an, jour pour jour, je vous inviterai à l’Élysée, et nos relations ne seront plus les mêmes. Vous vous adresserez à moi avec respect, admiration, sollicitude et hypocrisie, comme vous le faites toujours avec les Présidents de la République. Et je vous répondrai avec une sympathie qui rompra de manière éclatante avec le style de mon prédécesseur, cet illustre « emmerdeur », selon l’autoportrait qu’il dresse de lui-même et qui, reconnaissons-le, est d’une saisissante ressemblance."

Et l'homme le plus détesté de France, selon les journalistes, rappelle à ces mêmes journalistes que leur profession est la plus méprisée qui soit. Non qu'ils soient individuellement responsables de cet état de fait, ajoute le candidat, rappelant le poids de l'idéologie qui prévaut dans ce milieu où chacun copie l'autre de peur d'être blâmé. Mieux vaut être un mouton de Panurge qu'un mouton noir.

Peu de réactions dans la salle à cette déclaration mordante, sauf celle d'un journaliste de l'AFP se demandant si c'est bien le rôle d'un candidat que d'alimenter des tensions avec la presse, cela ne présente-t-il pas un risque ? L'AFP n'est pas précisément l'amie de Zemmour et de ses proches, qui le lui rendent bien. La réponse ne laisse aucun doute sur le sujet : "Je vous assure que vous n'avez pas besoin de moi pour susciter ce genre de tensions. Vous vous débrouillez très bien tout seul."

L'affaire des parrainages a encore été abordée, avec ses relents de combinazione qui tiendraient éloignés de la compétition les candidats sans assise nationale. Enfin un motif de sourire pour Anne Hidalgo, car si des candidats comme Zemmour ou Le Pen n'ont pas ces parrainages, "c'est qu'ils ne méritent pas" de participer à l'élection. Autrement dit, "Tant pis pour eux, cela veut dire qu'ils n'ont pas convaincu 500 maires." (Le Figaro) Après tout, il faudrait avoir un cœur de pierre pour reprocher à la représentante du PS, toujours coincée dans les culs-de-basse-fosse sondagiers, de nourrir un motif de satisfaction : il n'est pas certain qu'il y en ait d'autres.

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dimanche 9 janvier 2022

Zemmour au fil des jours - 9 janvier 2022

 09/01/2022

"Un tournant" : c'est ainsi qu'Éric Zemmour qualifie le ralliement à sa cause de l'ancien numéro 2 des Républicains, un député du nom de Guillaume Peltier.

"Un tournant", le communiqué de Zemmour
"Un tournant", le communiqué de Zemmour (lien)

J'avoue que ce nom ne me dit rien du tout. Je ne suis pas, il est vrai, un observateur assidu des affaires républicaines. Ce tournant, selon Zemmour, serait la naissance concrète d'une droite authentique enfin débarrassée de son surmoi de gauche. "C'est le début d'une vague montante", proclame le néozemmourien, car "énormément d'adhérents Les Républicains veulent que ça change".

Il est vrai que Reconquête ne se prive pas d'assimiler Valérie Pécresse à un Macron en jupons : mêmes idées, même politique, même incapacité à mettre en œuvre des réformes courageuses tout en donnant des coups de menton. Je ne saurais dire si l'analyse est juste, mais elle possède toutes les apparences de la vérité. Pour un Zemmour s'efforçant de réunir les voix des Groseille lepénistes et des Les Quesnoy républicains, le "coup" d'aujourd'hui est un pas significatif vers ce dernier objectif.

Pas d'affolement visible dans les autres partis, ironisant dans un bel ensemble sur le parcours en zig-zag de M. Peltier entre RN, MNR, UMP et LR.

L'autre grande nouvelle du jour est la candidature de Christiane Taubira. Pas à la présidentielle, mais à une "primaire populaire" de laquelle sortira le nom de celui, ou de celle, qui portera haut les couleurs de la gauche, ou plutôt d'une partie de la gauche, car ni Jadot ni Mélenchon n'ont répondu favorablement à cette tentative d'union. La droite qui tangue et la gauche qui s'émiette, à croire que la seule sérénité qui vaille se trouve auprès d'En Marche. Le mouvement présidentiel, décrié et maudit de tous côtés, survole néanmoins de très haut les démêlés de son opposition, comme nous l'affirment les sondages, sans exception.

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samedi 8 janvier 2022

Zemmour au fil des jours - 8 janvier 2022

08/01/2022

Les Sables-d'Olonne. Devant la statue de l'archange Saint-Michel, Zemmour défend ce monument "objet de la vindicte imbécile de laïcards". Une association a en effet obtenu de la justice que cette "représentation religieuse" soit retirée de l'espace public. Le maire renâcle. Zemmour aussi, car ces "laïcards" sont les "idiots utiles de la woke culture qui veut elle aussi détruire les traditions françaises."

Encore une histoire de symbole et d'affichage public érigée en acte de résistance contre le sacrifice de la France. Et dire qu'on sort à peine de l'affaire du drapeau européen sous l'Arc de Triomphe ! Une question non religieuse, dites-vous ? Voire : qui se souvient que M. Mélenchon en personne demandait le retrait de ce même drapeau européen de l'Assemblée Nationale, en raison de ses références catholiques supposées ? Du reste, on n'a pas beaucoup entendu, au tournant de l'année, ces pourfendeurs de signes religieux s'insurger contre la bannière déployée place de l'Étoile.

Châteaudun. Je dois me faire une raison, Zemmour défend la civilisation française en méprisant la musique française. La longue introduction à son discours d'hier est un cinglant camouflet aux muses qui ont inspiré nos grands compositeurs, jugés manifestement indignes d'accompagner le message prétendument patriotique. Comme quoi on peut défendre Saint-Michel en crachant sur Saint-Saëns.


Discours sans grand relief, à cause de l'accumulation des poncifs faciles et creux, voire hasardeux. Le "patrie-score", sur le modèle du "nutriscore", sera un nouveau gadget coûteux, inutile et dénué de sens. Là encore les actes doivent suivre les paroles, et l'on attend que tous les fondus de Zemmour lâchent leur Renault Dacia, fabriquée au Maroc ou en Roumanie, pour une Toyota sortie d'une usine de Valenciennes. Patrie-score, vous dis-je !

Mieux vaudrait faire le ménage dans ces machins dispendieux - et c'est le consommateur qui paye - plutôt que d'en ajouter, M. Zemmour. Pensez-y, une fois que vous aurez choisi une musique digne de cette France que vous prétendez défendre.

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vendredi 7 janvier 2022

Zemmour au fil des jours - 7 janvier 2022

 07/01/2022

Zemmour en Eure-et-Loire à la rencontre des Français périphériques refuse de commenter la sortie de Macron. Le piège a fonctionné, pourtant, car chacun s'emploie à disserter sur la nécessité ou non, de la part du président, d'avoir employé des mots si grossiers, et ailleurs, sont-ils vraiment grossiers, on se le demande, car le locataire de l'Élysée, ravi de sa trouvaille retentissante, ne se prive pas de jouer son avantage : "On peut s’émouvoir sur des formes d’expressions qui paraissent familières, que j’assume totalement. Moi, je m’émeus de la situation dans laquelle nous sommes : la vraie fracture du pays est là."

La vraie fracture du pays n'est donc pas entre ceux qui ont pleuré les morts de Charlie Hebdo et de l'Hypercacher, il y a précisément sept ans, et ceux qui s'en sont réjouis. Il faut croire que ça marche : depuis un jour, télévisions et radios commentent sans vergogne, en variant le ton, les paroles ordurières proférées par M. Macron. Le niveau d'expression n'est déjà pas brillant en temps ordinaire, autant dire que nous touchons de nouveaux records - et j'ai la funeste idée que ce point représente un non-retour, l'exemple venu d'en haut est un trop beau cadeau fait aux partisans du parler-relâché qui ne comprennent même plus le sens des insanités qu'ils proclament entre deux ricanements.

On sait gré à Zemmour de ne pas reprendre ces mots. Il s'en défend et explique encore pourquoi : "Macron veut polariser. Il veut monter les Français vaccinés contre les Français non vaccinés. Comme les premiers sont très majoritaires, c'est puéril et c'est cynique. Il ne veut pas qu'on parle de l'identité de la France, de la survie de la France, du grand remplacement."

Il discourt en ce moment même à Châteaudun, en attendant de rejoindre demain les Sables d'Olonne.

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jeudi 6 janvier 2022

Zemmour au fil des jours - 6 janvier 2022

 06/01/2022

Parler de l'actualité sanitaire ? Taratata, je ne tomberai pas dans son panneau. D'accord, il n'a pas dit "taratata" mais pour le reste c'est bien ça. Ce matin sur Europe 1 Zemmour s'est dit résolument investi dans son combat pour l'identité nationale. Hors de question de courir comme tout le monde derrière le leurre manipulé "avec cynisme" par Macron, qui veut faire du COVID et du traitement réservé aux vaccinés-non-vaccinés le sujet central des débats. "Le sujet de la présidentielle c'est l'identité de la France", assène Zemmour.

C'est sans compter sur les signatures si difficiles à réunir. Zemmour aurait pour l'instant 300 promesses de parrainages. Insuffisant, d'autant plus qu'entre la promesse et la signature il y a encore un monde. Z propose à l'Association des Maires de France de créer des "pools" - pas des piscines, mais des systèmes permettant, sinon d'anonymiser, du moins de distendre le lien direct entre un élu et celui qu'il a parrainé.  Le principe est d'assurer suffisamment de voix à tous les candidats présentant un minimum de sérieux, de façon globale, indépendamment de leur parti. Une façon intelligente de retirer aux maires la menace d'une excommunion morale. David Lisnard a répondu que cette organisation ne relevait pas de sa compétence tout en admettant l'existence du problème (accessoirement, le président de l'Association des Maires de France est l'un des rares qui se soit sorti avec les honneurs, peut-être auréolé d'une victoire, d'un face-à-face avec Zemmour).

Le problème resterait entier, si l'on n'apprenait que Les Républicains s'arrangeraient pour parrainer M. Reconquête, sans le crier par-dessus les toits, mais en faisant en sorte que ça se sache tout de même.

Sondage : Macron toujours aussi insolemment haut, avec 23%. Ensuite, c'est un quatuor dans un dé à coudre, de Zemmour-Pécresse à 15% à Mélenchon,13%, en passant par Le Pen au beau milieu. Zemmour ne se détache pas. Il ne s'effondre pas non plus, faisant jeu égal avec des candidats de partis "historiques".

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mercredi 5 janvier 2022

Zemmour au fil des jours - 5 janvier 2022

 05/01/2022

"J'ai toujours condamné la violence. C'est l'arme des faibles politiquement, des faibles intellectuellement, l'arme de ceux qui ne pèsent rien, de ceux qui ne pensent rien. C'est pourquoi elle va si bien à l'extrême gauche." Dans ses vœux diffusés hier, Zemmour met une fois de plus les choses au clair. Je ne parierais par un Zcoin sur un retournement d'opinion du côté de Charlie Hebdo ou de Libé : admettre la non-violence de Zemmour, ce serait renoncer à en faire l'infernale créature à l'haleine de soufre surgie d'un infra-monde gouverné par la droite extrême.

Zemmour se félicite de ses "75 000 adhérents", envoie embrassades virtuelles à tout vent, à sa jeune armée, aux transfuges des Républicains, du RN et de la gauche, car, vous l'aurez compris, "tous les destins français menaient à nous". Nous : "la droite qui tiendra parole" (ça, c'est pour Pécresse), malgré le "grand théâtre antifasciste" mis en scène par la presse de gauche. "Nos militants sont ceux de l'avenir ! C'est nous qui avons écrit l'histoire de cette élection depuis septembre !" Objectivement, ce n'est pas faux. Le contrefeu est bien identifié :

"Macron veut faire du COVID le sujet de cette présidentielle. Il veut nous faire oublier le destin de la France."

Emmanuel Macron, comme pour répondre à cette divulgation de sa stratégie, s'est mis dans la peau d'un artificier spécialisé en fracturation hydraulique, parvenant à dynamiter en quelques mots bien sentis son opposition. Quelle meilleure arme qu'un gros pétard estampillé "DANGER - COVID" ?

"Moi, je ne suis pas pour emmerder les Français. Je peste toute la journée contre l'administration quand elle les bloque. Eh bien là, les non vaccinés, j'ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu'au bout" (Les Echos).

Ces grossièretés pompidoliennes et simili-trumpiennes (fichu "en même temps" !) ont l'immense vertu, pour le président, de flatter la majorité des vaccinés tout en crispant ses adversaires, plus ou moins gênés par le sujet et contraints à prendre parti. C'est bien joué, quoi que l'on pense de l'éthique du procédé - je veux dire, bien joué électoralement, à condition de tenir ce cap et d'en gérer les conséquences jusqu'au scrutin. À ce que je peux en juger, notre résident actuel s'est plusieurs fois confondu en excuses, voire en regrets, pour des mots jugés trop vifs, trop hâtifs, et finalement blessants, et il n'est pas certain de tirer profit, à moyen ou long terme, de ce double attentat à la langue et à la common decency.

Zemmour, descendu par la force des choses de l'estrade de chef d'où il imposait son tempo, commente en termes rageurs :

"Lâche avec les forts, cruel avec les faibles."
"Lâche avec les forts, cruel avec les faibles." (Tweet)

L'homme de Reconquête s'efforce de rapporter la sortie présidentielle à ses propres priorités. Cela est de bonne guerre, et assez convenu. J'aurais aimé lire plus de réactions à la deuxième phrase d'Emmanuel Macron, qui me semble au moins aussi porteuse d'embarras que les autres : "Je peste toute la journée contre l'administration". Un président qui peste ! Que dire alors du Français de la rue ? Les bras m'en tomberaient si je ne devais écrire la fin de cette chronique. Car, enfin, c'est à se demander qui a les leviers pour rendre enfin efficace cette fonction publique capable d'arracher des soupirs de contrariété au plus puissant des Français.

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mardi 4 janvier 2022

Zemmour au fil des jours - 4 janvier 2022

 04/01/2022

Frémissements du côté du FRAZ, le Front Résolument Anti-Zemmour. Trois nouveaux livres, au moins, viennent combattre en ce début d'année l'emprise du candidat sur la classe politique. Manuel Valls, avec "Zemmour, l'antirépublicain", sera en concurrence avec Noël Mamère et Patrick Farbiaz, qui proposent "Le cas Zemmour. Comment en est-on arrivé là ?", sans oublier Laurent Joly avec "La falsification de l'Histoire : Eric Zemmour, l'extrême droite, Vichy et les juifs." On le voit, ces trois titres brossent à eux seuls le plus terrifiant des portraits.

Ce n'est pas tout, car d'autres d'ouvrages permettent de mieux cerner la figure maléfique. Cette belle collection complètera en effet l'étagère où se trouvent déjà des opus de Luc Chatel ("La face cachée de Zemmour"), Étienne Girard ("Le radicalisé - Enquête sur Eric Zemmour"), Youssef Hindi ("L'Autre Zemmour", préface d'Alain Soral), Dieudonné Mbala Mbala ("Réponse à Éric Zemmour"). Que ceux que je n'ai pas cités me pardonnent, je n'ai rien contre eux et me suis contenté de parcourir au pas de course les premiers résultats donnés par Amazon. Je ne mentionne pas ici les livres en faveur du candidat qui paraissent tout aussi nombreux. Et on dira que l'art littéraire est en déclin dans notre beau pays !

Nouvelle vidéo de Zemmour, consacrée aux vœux aux militants :


Je ne l'ai pas encore regardée, faute de temps, et la livre telle quelle, sans connaître le contenu de ce tout récent témoignage de l'antirépublicain-falsificateur-radicalisé.

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lundi 3 janvier 2022

Zemmour au fil des jours - 3 janvier 2022

 03/01/2022

On connaissait les empoignades autour des crèches de Noël. On savait que le sapin était devenu le symbole d'une guerre larvée. Nul n'ignore que "Joyeux Noël" est devenu une parole de résistance. Maintenant on apprend que les vœux de nouvel an sont à leur tour sujet de polémique.

"C’est les muslims (musulmans) la plupart qui m’envoient ça. Est-ce que les compagnons (du prophète) ont fêté le Nouvel An ? Non. Les gars, s’il vous plaît arrêtez", a écrit un chanteur nommé Gims, ou maître Gims. Zemmour cueille au vol cette réflexion et interpelle Valérie Pécresse : "Maître #Gims, soutien de Valérie Pécresse, vous parle d’identité."

Zemmour sur Gims
Zemmour sur Gims (lien)

Valérie Pécresse, accusée d'avoir financé cet artiste avec de l'agent public, doit également se garder à gauche des attaques de Marlène Schiappa. La contre-attaque de LR renvoie la majorité à ses propres turpitudes : l'Élysée n'a-t-il pas érigé "en modèle Yassine Belattar, proche des islamistes du CCIF" ? (Le Figaro). Gims d'un côté, Belattar de l'autre, on ne sait où donner de la tête en ce début d'année, aveuglés que nous sommes par ces phares de l'intelligence contemporaine copieusement arrosés grâce à l'impôt librement consenti.

M. Belattar surgit de son côté pour annoncer la création d'une force anti-Zemmour (Valeurs Actuelles). "On arrive le 11 janvier", a-t-il déclaré. Bon, d'ici là on aura le temps de déguster quelques galettes, à moins qu'une autre tête pensante de l'intelligentsia s'insurge de cette offense qu'est l'Épiphanie dans la France de 2022.

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dimanche 2 janvier 2022

Zemmour au fil des jours - 2 janvier 2022

 02/01/2022

Victoire ! L'ennemi a fui en catimini, emportant avec lui le pavillon de la honte. La France profonde a su faire entendre raison à une classe politique qui, pour mieux s'inféoder à Bruxelles, voulait piétiner nos couleurs. La droite, l'extrême droite, l'ultra droite, la droite décomplexée, les fascistes, les chauvins au crâne rasé, les identitaires munis de barres à mine, tous jubilent comme aux plus beaux jours de l'épopée impériale. Aux aurores du 2 janvier, chacun pouvait constater que le drapeau européen, placé depuis quelques jours sous l'Arc de Triomphe, avait été enlevé sans tambours ni trompettes.

L'affaire remonte au 31 décembre. Zemmour s'était indigné de la présence sous la voûte vénérable des couleurs de l'Union européenne : « après le saccage et l'empaquetage, l'outrage. »

Zemmour : l'outrage
Zemmour : l'outrage (lien)

Marine Le Pen, Valérie Pécresse, Éric Ciotti et quelques autres firent connaître leur consternation de voir les étoiles de l'UE veiller seules sur le soldat inconnu.

Libération rappelle le contexte. Pour Clément Beaune, secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, c'était « une initiative symbolique et temporaire, qui accompagne le 1er janvier et le début de la PFUE. »

Il n'est peut-être pas inutile de préciser que « PFUE » n'est pas ce son désabusé que l'on laisse tomber au comble de l'accablement, mais le sigle désignant la « Présidence française de l'Union Européenne ». Du reste, « Le dispositif (à l’Arc de Triomphe) a été mis en place pour quelques jours, avec les illuminations ». Et si la bannière controversée a été retirée la nuit passée, c'est « conformément au timing prévu », a assuré l’Élysée à l’AFP.

Soit. Impossible de savoir si les protestations de Zemmour et d'autres ont précipité ce retrait et s'il s'agit dès lors d'un succès des insurgés. Une chose reste certaine cependant : que ceux qui nous gouvernent croient bon d'utiliser le mot « timing », sans que personne ne s'en offusque, est à mon sens un motif infiniment plus sérieux pour les amoureux de la France de sonner le tocsin.

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samedi 1 janvier 2022

Zemmour au fil des jours - 1er janvier 2022

 01/02/2022

Ding ! Premier janvier, voitures cramées. La coutume est si prévisible que Zemmour avait déjà préparé son communiqué posté ce matin sur Twitter (lien), avec le titre "Le 24 avril sonnera la fin de la fête antifrançaise."

"Le 24 avril sonnera la fin de la fête antifrançaise" - Tweet d'Éric Zemmour, 1er janvier 2022
"Le 24 avril sonnera la fin de la fête antifrançaise" - Tweet d'Éric Zemmour, 1er janvier 2022

Rien qui puisse nous surprendre dans ce texte, venant de Zemmour, sauf des erreurs de typographie qui n'auraient jamais dû passer le stade de la relecture. Personne n'était donc assez lucide ce matin dans l'entourage du candidat pour faire corriger ces césures intempestives ?

On attend les commentaires sur l'expression "fête antifrançaise" qui rappelle cette "anti-France" que la vieille extrême droite entendait combattre. Zemmour ne l'ignore évidemment pas. Je ne vois pas quel bénéfice il tire à perpétuer le soupçon d'une affinité avec ce que la pensée politique française a comporté de pire. Il devrait être possible de s'insurger contre les dégradations en masse sans s'inscrire de plain-pied dans l'héritage de Maurras, de Daudet ou de Pétain. Zemmour nuit à son combat en cultivant cette filiation, ou en laissant croire qu'il la cultive.

Je regarde le journal de France 2 pour savoir si, effectivement, des émeutes "ont éclaté partout en France". Les sujets défilent : les gens qui ont fait la fête malgré l'épidémie, des images de New York et Copacabana, le SMIC revalorisé, la douceur du climat, les obsèques de Desmond Tutu, un long reportage sur Casse Noisettes au Bolchoï, et un hommage à la Tour Eiffel revêtue des douze étoiles de l'Europe pour célébrer le début de sa présidence française. Ce ne sont plus des actualités, mais des reportages de Point de vue et images du Monde. Soyons indulgents, c'est le jour de l'an. 

On trouve des nouvelles sur la toile, mais éparpillées. S'il existe une synthèse nationale, je n'ai pas su la découvrir. Lyon Mag : "Métropole de Lyon : près d’une centaine de véhicules incendiés la nuit de la Saint-Sylvestre". Dans le Républicain Lorrain, on apprend que des "groupes de jeunes" ont cherché l'affrontement avec la police près de Forbach. Le Parisien reporte des événements du même ordre dans les Yvelines, et cite un policier : "Toutes les zones sensibles du département ont été impactées, à l’image de Mantes-la-Jolie, Mantes-la-Ville, Limay, Les Mureaux, Chanteloup-les-Vignes, Trappes, La Verrière, Les Clayes-sous-Bois et deux voitures ont même été brûlées aux Loges-en-Josas, une commune des plus tranquille [sic]". À Angers, quelques incendies de véhicules, mais "aucun heurt", se félicite Ouest France. Semblable son de cloche pour Sud Ouest, pointant un réveillon "plutôt calme". Tout est dans le "plutôt", car la lecture de l'article nous informe que "quelques voitures ont brûlé du côté d'Agen". Dans la ville de Strasbourg, des policiers blessés, des bagarres, des interpellations et, cela va sans dire, quelques autos parties en fumée. Un journaliste de France 3 Alsace se veut rassurant en citant un policier : il y a eu "des feux de voiture à droite et à gauche, pas plus pas moins qu'avant. Dans l'ensemble, ça a été."

Dans l'ensemble, ça a été : de quoi se plaint Zemmour ?

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vendredi 31 décembre 2021

Zemmour au fil des jours - 31 décembre 2021

 31/12/2021

Saint Sylvestre. Zemmour diffuse ses vœux en direct, sur YouTube, depuis sa chaîne officielle. Le programme commence à onze heures du matin. Deux mille internautes sont là à l'heure H, nombre qui double au terme des trois minutes du clip. Midi, 30 000 vues ; trois heures plus tard, 100 000. En route pour un nouveau record ?


Attention au sens des mots : ces vœux "en direct" ont été déjà mis en boîte, et seulement dévoilés à 11 h. Ce petit film a été réalisé en différé, avec montages, insertions d'autres visuels et, au désarroi de l'esthète, la plus ignoble des illustrations musicales.

"Je ne veux pas vous parler la langue de bois habituelle des vœux du Nouvel An", prévient Zemmour. Il ne manquerait plus que ça ! Le candidat choisit de se placer dans la perspective d'un observateur du futur qui admirera le courage et la clairvoyance des Français de 2022. Au centre des critiques, Emmanuel Macron et son quinquennat "cauchemardesque" : "néant présidentiel, sans forme, ni fond". Pour sortir de ce cul-de-sac, les Français doivent vaincre la "fatalité" (l'une des petites manies de Zemmour). Il sonne le clairon de l'espoir et décrète le début de la reconquête ce soir, à minuit : "adieu Emmanuel Macron, bonjour la France".

Une heureuse disparition, celle du slogan "Impossible n'est pas français", que je ne vois utilisé nulle part dans la communication du candidat. Je ne me plaindrai pas de l'éclipse d'une phrase si ridicule. Cela ne rachète en rien l'emploi de l'abominable fond sonore qui accompagne chaque seconde de ces vœux. Ce truc hideux qui vient pervertir nos oreilles n'est pas seulement une honte : c'est le symptôme, hélas parfaitement audible, de l'incapacité pour Zemmour de concilier son action avec ses prétentions culturelles.

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jeudi 30 décembre 2021

Zemmour au fil des jours - 30 décembre 2021

 30/12/2021

Suite (et fin ?) de la mini-tempête autour de Mila et de Zemmour. La jeune femme publie hier en fin d'après-midi le communiqué suivant :

Communiqué de Mila sur Twitter
Communiqué de Mila sur Twitter (lien)

Dont acte. Réactions consternées autant qu'affligeantes de plusieurs partisans de Zemmour, dépités de voir cette victime de l'islamisme rejeter leur mentor. Quelques-uns, plus mesurés, notent que les termes de fascisme et d'extrême droite ne tombent pas à propos. Car enfin, Zemmour est-il fasciste ?

Cette question est abordée par Gérard Biard dans le Charlie Hebdo daté d'hier : « [Zemmour] nous rappelle ce qu’est l’extrême droite. Ce qu’elle est vraiment. Car à force de traiter tout le monde et n’importe qui de "fasciste", on l’avait quelque peu oublié. »

Certes ! On est heureux de trouver un tel scrupule dans ce journal où ce qualificatif de « fasciste » est employé sans grand discernement (voir l'entrée du 11 novembre). Mais c'est le cas pour la quasi-totalité des articles de presse, convenons-en.

Quels sont donc ces éléments qui classent sans contredit un candidat à l'extrême droite ? Il suffit de se souvenir des violences commises au rassemblement de Villepinte :

« À l’extrême droite, on pète des dents, des bras, des genoux, et bien davantage si on se laisse emporter par la ferveur militante. Certes, dans certains groupes d’extrême gauche, on ne crache pas non plus sur une bonne castagne "antifasciste". Mais la violence n’y constitue pas la seule composante du débat, contrairement à l’extrême droite, où on la retrouve à tous les niveaux, chez le skinhead de base comme chez le théoricien. Elle n’est pas vue comme un moyen, mais comme une fin en soi. »

L'auteur a mille fois raison de souligner les agissements intolérables de certains soutiens du candidat. Le problème est réel. La condamnation sans appel de Zemmour ne suffit pas à faire taire l'odieuse petite musique d'une agressivité assumée au nom du candidat.

Je suis cependant étonné par le choix des mots. La castagne d'extrême gauche évoque des bagarres bon enfant de fin de kermesse. Quand l'extrême droite cogne, ce n'est plus une « castagne » mais la volonté de péter des dents, des bras, des genoux, et bien davantage. La distinction laisse perplexe. Je ne saisis pas pourquoi je devrais me féliciter d'être passé à tabac par un black bloc de gauche, dont l'actualité nous a trop souvent rappelé la furie hargneuse, plutôt que par un « identitaire » au crâne rasé. Quant à la violence, elle est également théorisée à tous les niveaux de la gauche totalitaire, comme l'histoire nous l'enseigne depuis plusieurs décennies.

Il manque à cet article un développement essentiel : la violence est-elle intimement corrélée au discours de Zemmour ? En quoi ? Ce ne sont pas des questions rhétoriques. Le journaliste termine ainsi :

« Toujours avoir en tête que le cœur du programme de l’extrême droite, c’est la barre à mine et la batte de base-ball. Le plus important chez Zemmour, ce n’est pas son discours ou ses nouvelles lunettes, mais ce qui se passe au fond de la salle. »

Cette conclusion est riche d'enseignements : il faudrait juger un candidat aux échauffourées qui surviennent lors de ses apparitions publiques. C'est vite dit, et dangereux, car cette pratique expéditive fait l'économie d'un examen de la situation concrète. Supposons que des amoureux de la liberté brandissent lors d'un meeting de Mélenchon Le livre noir du communisme. Imagine-t-on un instant les partisans de LFI accueillir avec bonhomie cette intrusion ? Les coups de poing et autres brutalités qui s'ensuivraient classeraient-ils Mélenchon à l'extrême droite ? Il est vrai que pour certains il ne s'agirait que d'une sympathique « castagne » : nous voilà rassurés.

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mercredi 29 décembre 2021

Zemmour au fil des jours - 29 décembre 2021

 29/12/2021

« En tout cas, il est hasardeux, voire absurde de penser que la musique dit quelque chose qu’ontologiquement elle est incapable de dire puisqu’elle ne dit ni ne décrit rien. » Le lecteur aura peut-être sursauté, car, évidemment, cette remarque ne saurait s'appliquer à n'importe quelle musique. Aussi faut-il situer ce passage dans son contexte. Un musicologue, Bernard Fournier, estime dans Le Monde que « La récupération idéologique de la "7e Symphonie" de Beethoven par Eric Zemmour relève de la tromperie. »

Le candidat avait utilisé le deuxième mouvement de cette œuvre pour sa vidéo de déclaration (relire l'entrée du 30 novembre). Est-ce une récupération idéologique ? On ne voit pas en quoi. Y a-t-il tromperie ? J'ai du mal à la situer. Quand François Mitterrand faisait retentir à la fin de ses meetings de 1988 le dernier mouvement d'une autre symphonie de Beethoven, la 5e, personne ne venait pointer une récupération ou une tromperie. À juste titre, me semble-t-il.

Évidemment, ce n'est pas un hasard si Zemmour a fait son choix dans le trésor musical légué par le génie européen, cet héritage d'une civilisation qu'il évoque dans son discours de vœux : « Une civilisation qui considère que le beau lui aussi est sacré. La civilisation de Rembrandt, Léonard de Vinci, Bach, Mozart, Beethoven ». Aurions-nous préféré qu'il accompagne sa déclaration de rock, de rap ou de raï ?

De plus, ainsi que je le disais alors, il me semble évident, sans que je puisse le prouver, que ce choix musical est un clin d'œil aux admirateurs de Johnny Hallyday. Il est possible que l'article du Monde en parle, car sans accès à son contenu je ne puis prendre connaissance de l'argumentaire développé par le musicologue pour établir le bien-fondé d'une tromperie annoncée. Je demanderais bien à l'un de mes lecteurs que de dépanner, si je n'avais aucun lecteur, ou presque.

Mila est une jeune femme menacée de mort par des islamistes. Ceux qui auront oublié l'affaire peuvent lire l'entretien que l'avocat Richard Malka donnait en juillet passé à l'Express. Tout à l'heure, Mila a posté le tweet suivant :

Tweet de Mila sur Zemmour
Tweet de Mila sur Zemmour (lien)

« Je n’aime pas Éric Zemmour, et l’encourager va à l’encontre de mes valeurs.
Mais je suis tellement terrorisée dans mon propre Pays, que je me dis qu’on n’a plus d’autre choix que de passer au moins un temps par cette radicalisation bien qu’elle me déplaise. Pour rester en vie. »

Mila précise : « Je n’ai jamais dis [sic] que j’allais voter Zemmour, je me pose seulement parfois des questions alors que généralement je ne le soutiens pas, comme beaucoup. » Certains s'étonnent de cette possibilité de voir Mila voter pour Reconquête. Elle leur répond : « Je suis d’accord avec vous, et voter pour un extrémiste est la dernière chose que je veux, en revanche quand on en arrive à un point où on craint pour sa survie chaque seconde, on est perdu. On est perdu et on ne sait pas toujours vers où se diriger. À gauche comme à droite. »

Envolée de récriminations. Quoi ! Voter, ou envisager de voter, même si c'était en dernière extrémité, pour un fasciste, un nazi, un complice objectif des jihadistes, Dieu, comment est-ce possible ? Raphaël Enthoven :

« Chère @magicalorrs, Zemmour a du "respect" pour les islamistes qui ont "le courage de mourir pour ce qu'ils croient." (Causeur, 2017) Votre peur est mauvaise conseillère, vous vous trompez d'allié. »

Il achève son tweet par un dessin symbolisant des mains jointes, que je ne sais pas comment interpréter, en omettant de rappeler que ces propos de Zemmour étaient un avertissement lancé à ceux qui mépriseraient le danger (lire sur Causeur cet avis d'Élisabeth Lévy).

Zemmour, ou l'homme derrière son compte Twitter, répond à la jeune femme : « Mila, ceux qui veulent vous intimider pour ce message ont un point commun : ils acceptent l’islamisation de la France, tout en pleurant hypocritement sur votre sort. Nos désaccords ne sont rien au regard de la volonté qui nous unit : vivre libres dans une France en paix. »

Les mots terribles de Mila, pour notre malheur, sonnent juste. Ils recoupent point à point des réflexions du même ordre faites par bien des Français de ma connaissance. Je les comprends et les approuve, quand bien même elles heurtent la conscience de l'honnête homme : on a beau ne pas partager grand-chose de l'idéologie du candidat, force est de constater qu'il est le seul, dans l'offre actuelle, à répondre à une angoisse existentielle, « pour rester en vie. »

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mardi 28 décembre 2021

Zemmour au fil des jours - 28 décembre 2021

 28/12/2021

Grosse frayeur pour ce soutien d'Éric Zemmour, un chef pompier destinataire d'une enveloppe emplie d'une poussière inquiétante. À l'analyse (ici) il ne s'agirait que de sable et l'expéditeur pourrait être le plus innocent des enfants. D'un autre côté, la police a elle aussi reçu des courriers contenant la même substance, tout aussi inoffensive que suspecte par la menace qu'elle suggère. L'enquête est en cours.

En attendant, Zemmour monte à l'assaut de la toile. « Parmi l’équipe numérique [du candidat], une dizaine de personnes sont par exemple en charge spécifiquement de Wikipédia », explique Le Parisien (lien). « Elles connaissent les usages de la communauté qui alimente la célèbre encyclopédie collaborative et y mènent une bataille d’image en veillant aux informations qui y sont relayées. Outre la page consacrée à Zemmour lui-même, l’équipe ne précise pas sur quels autres articles elle intervient de peur de provoquer immédiatement un raid en ligne de ses adversaires. »

Il est vrai qu'une promenade dans l'arrière-scène wikipédienne révèle des débats passionnés. On se bagarre pied à pied pour imposer sa vision encyclopédique de l'homme et du candidat sur la page qui lui est consacrée. L'aperçu des thèmes abordés, ci-dessous, donnera une idée des préoccupations vouées au savoir universel de certains rédacteurs.

Sommaire des discussions sur la page Wikipédia consacrée à Éric Zemmour
Sommaire des discussions sur la page Wikipédia consacrée à Éric Zemmour (lien). État ce jour à 16h12.

Il faut avertir l'éventuel amateur que la lecture de ces controverses à tiroir est quelque peu consternante, et rendue difficile par l'emploi de ce jargon épouvantable qu'affectionnent les wikipédiens. Ces polémiques couvrent plusieurs dizaines de pages, auxquelles il faut ajouter deux archives de discussions plus anciennes.

La bataille s'est aussi engagée sur d'autres pages tenues secrètes, nous dit Le Parisien, et les rédacteurs de « l'encyclopédie » en ligne appellent à la vigilance. L'article sur le Grand remplacement (celui que reprennent sans trop se fatiguer la majorité des journalistes, sans se pencher sur l'œuvre de Renaud Camus) serait particulièrement surveillé, sans que cela soit une nouveauté, à vrai dire. Peut-être saura-t-on un jour quels aspects du site les partisans de Zemmour auront voulu marquer de leur empreinte.

Ce n'est pas tout. Des « applications » Zemmour seraient en préparation, ainsi que des jeux vidéo dont le candidat serait le héros (lien). Il ne saurait être question de relayer ici les nombreux commentaires qui redoutent, ou espèrent, une sorte de Doom dans lequel Z devra dégommer à l'arme lourde ses adversaires favoris, ou plus simplement une refonte circonstanciée de Space Invaders. On voit mal, pour être honnête, comment l'homme de la France éternelle pourra accorder son image avec celle d'un personnage de divertissement, fût-il composé de pixels.

Bien loin de ces considérations, Serge Klarsfeld, dans l'Humanité, l'affirme sans fard : « Éric Zemmour promeut des thèses bestiales. Comme les nazis. À l'entendre, il faudrait se débarrasser des musulmans. Mais les nazis disaient pareil des juifs, sans préciser comment. Et nous avons eu les chambres à gaz. » Je ne sais quelle mouche a pu piquer un homme qui me paraît par ailleurs tout à fait respectable. Car enfin, si Zemmour promeut des thèses bestiales, la moindre des choses serait qu'on nous les présente : son programme est en ligne, il suffit d'indiquer à quel endroit et dans quel paragraphe apparaissent ces fameuses thèses. De plus, je ne l'ai jamais entendu avancer qu'il faudrait « se débarrasser des musulmans », et je crois fermement que le pire service qu'on puisse rendre aux musulmans est de les confondre avec des terroristes. Quoi qu'en disent ses détracteurs, Zemmour prend soin de distinguer les deux, mais M. Klarsfeld, à ma complète stupeur, semble s'y refuser.

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lundi 27 décembre 2021

Zemmour au fil des jours - 27 décembre 2021

 27/12/2021

Calme plat. Un désert sans Tartares. Rien ne rougeoie sous le pâle soleil de décembre. Même les Verts peinent à verdoyer. Cette quiétude n'est qu'apparente. Il suffit d'un rien pour que tout s'enflamme de nouveau. Mais ce rien-là se fait attendre, si bien que l'on se contente de lire à gauche et à droite les mêmes analyses fatiguées sur Zemmour, avec les sempiternelles insultes qui reviennent comme à la foire, facho, nazi, homophobe, misogyne, pétainiste. La guirlande tourne sur elle-même, comme le serpent de Friedrich Kekulé von Stradonitz qui se mord la queue dans un mouvement perpétuel.

"L'amour des nombres est le refuge de l'homme sage", nous enseigna quelque penseur des siècles passés. Soit ! Parlons chiffres, avec le nombre d'abonnés aux chaînes YouTube de quelques candidats :

Jean-Luc Mélenchon (ici) : 621k abonnés, soit 10 000 de plus qu'il y a 20 jours, ou + 1.5% (lien).

Éric Zemmour (ici) : 351k abonnés, soit 35 000 de plus qu'il y a 20 jours. Forte poussée ; + 11%. C'est moins que Mélenchon, mais plus que Macron (!), qui affiche 232k (ici). Aucun total n'est donné par la chaîne de Valérie Pécresse (ici).

La plus forte progression, toutefois, est à mettre au crédit d'Anne Hidalgo (ici), qui affiche une croissance insolente avoisinant les 50%. Oui, cette chaîne qui n'existe pas, selon certains journaux télévisés peu regardants avec la réalité, est passée de 22 à 31 abonnés. On peut discuter de tout, sauf des chiffres, comme disait l'autre.

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